Sous quel pseudonyme Romain Gary publie-t-il le roman La Vie devant soi ?
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La Vie devant soi, publié en 1975, est l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française du XXe siècle. Mais ce qui rend ce livre encore plus fascinant, c’est le mystère qui entoure son auteur. Romain Gary, célèbre écrivain, diplomate et cinéaste français, a choisi de publier ce roman sous un pseudonyme, Émile Ajar. Ce choix a permis à Romain Gary de remporter pour la deuxième fois le prix Goncourt, une prestigieuse récompense de la littérature française, alors que le règlement stipule qu’un écrivain ne peut l’obtenir qu’une seule fois.
Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est né à Vilnius (alors partie de l’Empire russe, aujourd’hui en Lituanie) en 1914. Il passe une grande partie de son enfance en France et s’engage très tôt dans la diplomatie. Parallèlement à ses fonctions, il se distingue en tant qu’écrivain, produisant des romans, des essais et des récits mémorables. Il remporte son premier prix Goncourt en 1956 pour Les Racines du ciel, un roman sur la lutte pour la protection des éléphants en Afrique, démontrant déjà son talent pour aborder des thèmes complexes et profonds.
Mais malgré son succès littéraire, Romain Gary a le sentiment d’être jugé par la critique sous un certain angle, en raison de sa célébrité et de son style bien établi. Il décide alors d’adopter un pseudonyme pour expérimenter une nouvelle façon d’écrire et échapper à ce regard critique. C’est ainsi qu’il crée le personnage d’Émile Ajar.
En créant Émile Ajar, Romain Gary ne s’est pas contenté de prendre un pseudonyme, il a créé une véritable identité littéraire. Sous ce nom, il adopte un style radicalement différent de celui de ses précédents ouvrages. La Vie devant soi, par exemple, est écrit dans un style plus direct et plus enfantin, ce qui a surpris la critique et le public.
Le personnage central de La Vie devant soi est Momo, un garçon arabe élevé par Madame Rosa, une vieille femme juive qui a survécu à l’Holocauste et s’occupe des enfants de prostituées. À travers le regard de Momo, l’auteur aborde des sujets tels que la pauvreté, l’exclusion, la vieillesse et l’amour. Le ton est à la fois émouvant et humoristique, une combinaison qui a conquis le cœur des lecteurs et des critiques.
Lors de sa publication, le roman a été immédiatement salué et a reçu le prix Goncourt en 1975. Fait remarquable, personne ne savait à l’époque que Romain Gary et Émile Ajar étaient la même personne. La supercherie était si bien orchestrée que Romain Gary est allé jusqu’à désigner un parent éloigné, Paul Pavlowitch, pour jouer le rôle d’Émile Ajar en public et répondre aux interviews.
Le mystère autour de l’identité d’Émile Ajar a duré de nombreuses années. Ce n’est qu’en 1981, après la mort de Romain Gary, que la vérité est révélée au grand public. Dans une lettre posthume intitulée Vie et mort d’Émile Ajar, publiée après sa mort, Romain Gary avoue qu’il est bien l’auteur des livres écrits sous ce pseudonyme. Il explique également les raisons qui l’ont poussé à adopter cette double identité, notamment son désir de retrouver une certaine liberté de création et d’échapper aux attentes du public.
Ce coup de théâtre posthume a fait de Romain Gary l’un des écrivains les plus intrigants de la littérature française. Grâce à cette révélation, il est aujourd’hui le seul auteur à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt, bien que cela soit contraire au règlement du prix.
Aujourd’hui encore, La Vie devant soi reste l’un des romans les plus lus et les plus étudiés en France et à l’étranger. Au-delà de l’histoire de son auteur, ce roman aborde des thèmes universels tels que l’amour, la tolérance et la dignité humaine. Le personnage de Momo, avec sa naïveté touchante et son regard sur le monde, a marqué plusieurs générations de lecteurs.
Finalement, en choisissant le pseudonyme d’Émile Ajar, Romain Gary n’a pas seulement trompé les critiques littéraires, il a aussi réussi à réinventer son œuvre et à démontrer que l’art littéraire ne connaît pas de frontières lorsqu’il est animé par une véritable créativité.
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Sous quel pseudonyme Romain Gary publie-t-il le roman La Vie devant soi ?
Réponse
Romain Gary publie La Vie devant soi sous le pseudonyme d'Émile Ajar, qui lui vaut un second prix Goncourt en 1975.